Tel Mépris qui se croyait méprise.
Le film est une adaptation du roman d'Alberto Moravia.
C'est un drame franco-italien de 105 minutes, tourné en Franscope et colorisé par Technicolor, puis sorti en 1963.
Le réalisateur est Jean-Luc Godard. Michel Piccoli est Paul Javal. Brigitte Bardot est Camille Javal. Fritz Lang est Fritz Lang.
La musique est de George Delerue. Raoul Coutard est le directeur de photographie.
Le film est le Mépris.
Résumé :
Paul Javal est appelé par le producteur Jeremy Prokosch pour reprendre le scénario d’un film de Fritz Lanz, une adaptation de l’Odyssée. Il les rejoint donc à Capri en Italie avec sa femme Camille. Mais Camille se désenchante progressivement du voyage et, alors que son mari l’attire auprès du producteur, elle commence à remettre en question la confiance qu’elle a pour Paul. Les malentendus s’enchaînent et Camille doute de plus en plus sur la solidité de son couple. Puis une mépris survient...
Il n'y aucun intellectualisme exprimé par la mise en abyme du film dans le film. En accablant de doutes les regards de Paul et Camille, Jean-Luc Godard organise le triomphe d'une tragédie silencieuse. Le Mépris est ce corollaire d'un Amour impuissant à empêcher son basculement vers l'indifférence et le silence. Silenzio...
L'Art est une parabole de cette désagrégation du couple. Nimbée du leitmotiv déchirant et mélodieux de George Delerue et d'un savant Technicolor, cette Odyssée dédoublée est considérée par Fritz Lang comme la crainte d'Ulysse : crainte de Pénélope, crainte de ne pas la retrouver telle qu'elle était avant, peur de son retour à Ithaque et de ce qu'il trouvera là-bas...
Le retour à Ithaque est allégorique pour Paul ; il est espéré comme le retour à la parole dans le couple, au dialogue, à la réassurance de leur amour. Tout chose que Paul est incapable de faire, ne justifiant l'"incident" que par des paroles confuses qui témoignent de son malaise. Ithaque semble perdu à jamais pour lui.
Cette méprise bascule ineffablement vers le mépris de Camille, sentiment déflagrateur de la Tragédie du malentendu. Il paraît presque ironique de voir des artistes, des acteurs, des gens de cinéma, rattrapés par la réalité et dans l'impossibilité des trouver refuge dans l'art, qui est leur propre reflet.
C'est aussi pour ça que la Nouvelle Vague est née : pour que la vie ne soit plus du cinéma, mais le cinéma la vie.
Les plans-séquence, les interprétations magnétiques et le Technicolor subliment autant qu'ils abîment cette déchéance amoureuse, où le regard se substitue à la parole, horizon contemplé comme ce qui est perdu à jamais.
Le Mépris, ce n'est pas ce qui se gagne mais ce qui se perd.